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France

Et si la crise que traverse le commerce international était positive?

sur 6 Jul 2022
Person, Face, Human

Caroline Eber-Ittel

Country CEO and Head of CIB France & Southern Europe, Standard Chartered

Et si la crise que traverse le commerce international était positive?

Rythmé par des crises sanitaires à répétition et la guerre en Ukraine le commerce mondial a traversé, ces deux dernières années, une crise sans égale. Le prix du fret maritime, multiplié par cinq depuis 2019, qui menace aujourd’hui la reprise du commerce mondial, est symptomatique de ces bouleversements. Nous devons en tirer les enseignements et ainsi permettre de remodeler les échanges mondiaux, afin que les facteurs environnementaux, sociaux et géopolitiques ne soient plus relégués au second plan.

La supply chain au cœur de la machine commerciale

Alors que nous entrons dans une période de forte reprise économique marqués par la guerre et d’importantes tensions géopolitiques, la chaîne logistique doit être à la hauteur des enjeux. Nous nous dirigeons aujourd’hui immanquablement vers un nouveau modèle de fonctionnement du commerce international, où les couloirs d’échanges ne peuvent plus être de simples « conduits » insensibles aux transformations économiques, écologiques et technologiques.

Plusieurs questions se posent sur les clés de la réussite de ce tournant décisif. Comment se positionner pour devenir des acteurs vertueux de la chaîne d’approvisionnement ? Alors que pour beaucoup « mondialisation des échanges » et « durabilité » demeurent irréconciliables, cela est devenu une réalité pour de nombreuses entreprises.  Les mutations que nous avons traversées ont rebattu les cartes du commerce mondial et transformé les priorités des dirigeants.

Au-delà de la prise de conscience, un véritable engagement stratégique des dirigeants

Avec PWC Singapour, nous nous sommes attachés à analyser ce phénomène. Après avoir interrogé plus de 500 dirigeants d’entreprises mondiales, nous constatons que la stratégie axée autour de la seule maximisation du profit, n’est plus une option viable pour la majorité d’entre eux. D’autant plus que notre étude laisse présager une augmentation de 70% du commerce mondial sur la prochaine décennie. Le Covid-19 a été un véritable catalyseur en matière de diversification des chaînes d’approvisionnement, digitalisation, durabilité et inclusion.

Les entreprises sont désormais conscientes que le choix d’une politique alliant innovation et responsabilité alimente le profit d’aujourd’hui et demain, car elle s’inscrit au sein d’une stratégie de croissance robuste et résiliente. Les entreprises, au premier rang des mutations de nos économies, l’ont bien compris, et appréhendent déjà différemment la rentabilité de leur chaîne d’approvisionnement. Les nouvelles technologies, à l’image des « smart contracts » basée sur la blockchain, rendant infalsifiables les termes et les conditions des contrats, occupent progressivement une place prépondérante dans leurs stratégies.

Dans cette transition, les banques jouent un rôle décisif auprès des entreprises. 90% des dirigeants considèrent que la promotion de l’accès au financement de chaînes d’approvisionnement robustes et inclusives, en partenariat avec les banques, est une priorité clé de de leur internationalisation ou expansion transfrontalière dans les cinq à dix prochaines années.

A l’image de nos sociétés, les économies sont de plus en plus mondialisées, les systèmes interconnectés et par conséquent, les risques de plus en plus globaux. Plus de la moitié des entreprises interrogées considèrent la prévention contre de futures perturbations de la chaîne d’approvisionnement comme une priorité absolue. Ce risque de tensions pousse les entreprises à renverser le paradigme en se tournant vers une relocalisation partielle des activités.

A l’image d’Alcatel Submarine Networks qui a annoncé renforcer son activité en France, en lançant un réseau 5G industriel à Calais. Et d’ici à 2025, ou d’Airbus Helicopters qui ambitionne de centraliser l’ensemble de sa fabrication de pales d’hélicoptères en Seine-Saint-Denis. Ces nouvelles priorités pour les entreprises amorcent un virage dans le commerce mondial que ce soit au niveau de l’éclatement des zones de production et d’approvisionnement ou au niveau de son empreinte écologique et sociétale. Pouvoirs publics, entreprises privées et banques, nous devons, collectivement, donner les moyens au commerce mondial de se réinventer et faire des couloirs d’échanges un lieu où productivité rencontre durabilité et responsabilité.